«Un nouveau canton est une utopie»

Déclaration du député Philippe Messerli lors du débat au Grand Conseil (2.9.2009)

«Le groupe parlementaire du parti Évangélique a pris connaissance du rapport final de l’Assemblée Interjurassienne ainsi que de la déclaration du gouvernement Bernois à  ce sujet. Le PEV se rejouit du fait que les relations entre le Canton de Berne et le Canton du Jura soient sur le chemin de se normaliser. Dans les dix dernières années, suite au travail de l’Assemblée Interjurassienne, un véritable dialogue interjurassien a pu être instauré, et cela dans une région qui dans le passé a connu tant de conflits et de haine. Le développement des collaborations est ressenti positivement sur plusieurs plans.

Le PEV salue le fait que l’Assemblée Interjurassienne ait finalement retenu le statu quo + comme une des solutions à approfondir, à  côté du scénario qui consisterait à rassembler les six districts concernées. En effet, le PEV qualifie la piste d’un nouveau canton à six communes pour le moins «d’utopique», ceci d’autant plus que l’Assemblée interjurasienne a fait preuve d’un manque total d’esprit critique à l’égard des estimations financières du professeur Jeanrenaud et n’a pas analysé à fonds les effets du statut particulier. Car les compétences particulières qui ont été accordées au Jura bernois via le Conseil du Jura Bernois, lui permettent actuellement de renforcer sa participation à la politique cantonale bernoise tout en jouant parfaitement le rôle qui lui a été- dévolu par la Loi sur le Statut particulier.

Le PEV considére ainsi que le statu quo + s’inscrit dans la continuité de ce qu’il croit bon pour le Jura bernois, à savoir un avenir au sein du canton de Berne, accompagnée d’une intensification des collaborations interjurassiennes et des partenariats à  géométrie variable ainsi qu’une simplification des institutions. Cependant, la coopération doit non seulement être intensifiée avec le Canton du Jura, mais aussi avec d’autres partenaires au sein de l’Arc jurassien et du Pays des trois lacs, sans pour autant qu’il y ait besoin de modifier les frontières cantonales.

Nous sommes aussi convaincus que le bilinguisme du canton de Berne est un atout à  préserver et à renforcer. Un Canton de Berne bilingue a une grande importance pour la Suisse et particulièrement pour les Cantons romands, car il renforce la cohésion dans notre état fédéraliste et pluriculturel.

En ce qui concerne la suite de la procédure, le PEV estime qu’il serait sage que le gouvernement Bernois confie au Conseil du Jura Bernois, et non comme prévu à l’Assemblée Interjurassienne, la responsabilité d’organiser les séances d’information interactives dans la partie francophone de notre Canton, et cela de manière transparente et objective, en insistant notamment sur les relations entre le Jura bernois et Bienne et en relativisant les considérations financières de l’Assemblée interjurassienne.

En outre il conviendrait également, durant cette période d’information qui ne devrait pas excéder une année, de non seulement faire encore étudier les divers flux entre le Jura bernois et Bienne et de procéder à une analyse différenciée de l’étude du Professeur Jeanrenaud, mais surtout aussi d’évaluer les effets du statut particulier.

Passé cette phase d’information, le PEV est d’avis que la population du Jura bernois devrait rapidement être appellé à se prononcer par un vote de principe sur l’opportunité ou la nécessité de poursuivre l’étude d’une entité à six districts. Cependant, avant toute consultation, les cantons de Berne et du Jura devraient s’engager – par exemple en signant un avenant à l’accord du 25 mars 1994 – à respecter le verdict populaire. Il pourrait ainsi être decidé de poursuivre l’étude d’un nouveau canton ou de chercher plutôt à améliorer la situation actuelle, sachant qu’un moratoire de 30 ans devrait être préalablement accepté pour contrer toute vellocité de revenir rapidement à charge avec une piste qui aurait été écartée démocratiquement dans les urnes.

Le PEV est convaincu de la faculté de la population du Jura bernois à se déterminer en connaissance de cause et à apporter une réponse citoyenne et démocratique à la Question jurassienne. La population du Jura Bernois en a assez du combat jurassien et aimeraient enfin vivre en paix.»

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